L’Orchestre en tournée en Allemagne

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L’Orchestre en tournée en Allemagne

En mars, l’Orchestre national du Capitole renoue avec les grandes tournées internationales avec son nouveau directeur musical Tarmo Peltokoski et les flamboyants Sol Gabetta et Daniel Lozakovitch. Après un concert à la Philharmonie de Paris, direction l’Allemagne pour une tournée de sept concerts dans quelques unes des plus belles salles d’Europe, dont la légendaire Philharmonie de Berlin.

Pour un orchestre de la dimension de l’Orchestre national du Capitole, les tournées sont à la fois le fruit d’un travail artistique de longue haleine récompensé par les programmateurs des plus grandes salles de concerts, mais aussi des moments précieux et indispensables pour la constitution d’un collectif, d’une identité artistique, d’une osmose avec son chef. Être acclamé à Berlin, Hambourg ou Cologne donne une confiance et un regain d’énergie vital aux artistes et aux équipes.

Une tournée est aussi un formidable outil de rayonnement pour la ville de Toulouse, dont l’Orchestre est considéré comme l’ambassadeur culturel le plus important. L’Orchestre du Capitole y entraîne toute une galaxie : autour de lui gravitent les partenaires institutionnels, les médias, mais aussi, grâce à l’association Aïda, les entreprises mécènes. Celles-ci, au plus près de l’effervescence des concerts à l’étranger, vivent des moments hors du commun, tout en faisant de l’art musical un puissant vecteur de communication dans leurs relations avec leurs partenaires.


Par ailleurs, l’Etablissement public du Capitole, dans sa volonté d’associer son public, et notamment ses mécènes, à ces événements que sont les tournées, a programmé un voyage à Hambourg avec le Cercle de ses mécènes particuliers : ils pourront ainsi partager l’émotion du concert donné par l’Orchestre dans la salle mythique de l’Elbphilharmonie.

Quand l’Orchestre est en tournée, c’est Toulouse qui rayonne !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Fra, Délégué général de l’ONCT


MUSIQUE A LIVRE OUVERT

La littérature fait partie des passions de Tarmo Peltokoski. Ce programme placé sous l’égide de trois personnages marquants (un faune, un roi et un héros) évoque des œuvres livresques bien différentes : un poème de Mallarmé, un livre de l’Ancien Testament, et un roman de Jean Paul. Sol Gabetta fera entendre par la voix de son violoncelle celle du roi Salomon dans la pièce Schelomo de Bloch, qu’elle a enregistrée dans une interprétation saluée pour son respect du texte autant que sa sensibilité.

CLAUDE DEBUSSY

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Le poème L’Après-midi d’un faune de Mallarmé décrit l’hédonisme alangui d’un faune, rêvant et jouant de la flûte, « ce jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue ». Le souffle nu de la flûte seule, dans une phrase d’allure improvisée, illustre à la perfection la sensation d’abandon voluptueux dès les toutes premières mesures du Prélude à l’Après-midi d’un faune de Debussy, une de ses œuvres les plus célèbres. Mallarmé salue sa réussite, écrivant à Debussy que cette illustration musicale « ne présenterait pas de dissonance avec [s]on texte, sinon qu’aller plus loin, vraiment, dans la nostalgie et dans la lumière, avec finesse, avec malaise, avec richesse. » Au même moment, Debussy travaille à une autre œuvre symboliste, Pelléas et Mélisande, qui donnera elle aussi naissance à un chef d’œuvre.

ERNEST BLOCH

La rhapsodie hébraïque Schelomo dresse quant à elle un portrait musical du roi Salomon, fils de David, réputé pour sa sagesse. Comme la flûte du faune, le violoncelle incarnant le monarque commence par une longue mélodie semblant naître sur l’instant, avec un orchestre en retrait. Au fil de la narration musicale, Bloch évoque l’Orient, avec parfois un air de péplum donnant une idée du faste de l’empire sur lequel règne Salomon, ainsi que les différents visages de ce roi capable de moralité, mais pas insensible aux plaisirs terrestres pour autant – il vivait entouré de nombreuses épouses et concubines. Le choix du violoncelle, si souvent comparé à la voix humaine, comme alter ego instrumental de Salomon, rend d’autant plus émouvante cette incarnation d’un personnage hors du commun.

GUSTAV MAHLER

Le « Titan » de la symphonie de Mahler ne fait pas référence aux divinités de la mythologie grecque, mais plutôt à la littérature romantique, et à un héros pas si éloigné de Salomon : le personnage principal du roman Titan, de Jean Paul (nom de plume de l’icône littéraire Richter), va lui aussi atteindre la sagesse, et le pouvoir. Avant même la première de sa Symphonie n°1, Mahler renia l’influence de cet ouvrage littéraire sur sa composition, ce qui incite à une certaine réserve ; toujours est-il que Jean Paul fit partie de ses auteurs, et que l’intitulé « Titan » qu’il avait donné puis retiré à cette symphonie lui reste désormais associé pour la postérité. Fanfares, musique juive, marche funèbre… L’hétérogénéité de cette symphonie, qui décontenança tant le public de son temps, en fait toute la saveur pour les auditeurs d’aujourd’hui. Elle traduit par ailleurs l’idée forte de Mahler d’après laquelle la symphonie devait contenir tout un monde.

Propos recueillis par Mathilde Serraille

LA TOURNÉE DE L’ORCHESTRE

Saison 2024/2025

A PARIS ET EN ALLEMAGNE

du 4 au 13 mars