Visions célestes
- Grand concert symphonique
Tugan Sokhiev
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Date et heure
- Durée 2 heures
- Lieu Halle aux Grains

La puissance émotionnelle d'une symphonie de Bruckner
Intime et gigantesque, bouleversante et spectaculaire, la Symphonie n° 8 est l’œuvre de tous les paroxysmes ! Pour qui ne connaît pas l’univers de Bruckner, elle constitue une superbe initiation. Qui aime le compositeur autrichien sait à quel point entendre cette œuvre demeure une expérience… hors normes. Tugan Sokhiev dirige une pièce qu’il adore, et qui est un somptueux défi orchestral.
Tugan Sokhiev / Direction
Programme :
Bruckner
Symphonie n°8 en ut mineur, A. 117
Bruckner céleste : la Symphonie n°8
Auteur d’une œuvre restreinte mais visionnaire, Bruckner offre une expérience de l’orchestre sans équivalent. À l’occasion, le 17 novembre, de l’interprétation par Tugan Sokhiev de la Symphonie n° 8, retour sur les mystères de Bruckner…

Des montagnes à Vienne
Bruckner naît en 1824 en Haute-Autriche, non loin des montagnes et de Linz, dans une famille modeste dont le père est instituteur. À la mort de celui-ci, il a treize ans, et sa mère le conduit à Saint-Florian, une abbaye renommée pour sa formation musicale. Il devient d’abord instituteur en 1841, poste qui lui permet de poursuivre son éducation musicale. Entre 1845 et 1855, Bruckner suit en parallèle l’enseignement général et une carrière d’organiste, mais ne se rend au Conservatoire de Vienne qu’en 1861. Cet accès long vers la musique, fait de chemins détournés, explique sans doute la gloire tardive du musicien : il a près de quarante ans lorsqu’il découvre la musique de Wagner, qui brille alors au firmament des salles européennes, et quarante-deux ans lorsqu’il achève sa Symphonie n° 1 ! Longtemps perçu comme un simple épigone de Wagner au catholicisme fervent, en un temps qui se détache du religieux, Bruckner connaît une gloire tardive, en 1884, avec sa Symphonie n° 7.
Fervente et populaire : la Symphonie n°8
En 1884, Bruckner semble enfin avoir conquis l’estime du milieu musical. Il entame donc un nouveau projet, qu’il soumet au chef Hermann Levi, l’un des pionniers de la direction d’orchestre, créateur du Parsifal de Wagner. Levi, par ailleurs l’un de ses amis, dirige une première fois la Symphonie n° 8, puis refuse d’y revenir, jugeant l’œuvre trop complexe. Terrassé par les doutes, le compositeur autrichien se remet aussitôt à l’ouvrage et recommence, comme pour la plupart de ses symphonies, à la réviser encore et encore. Il faut attendre 1890 pour que Bruckner ose livrer une version « définitive » de son œuvre (mais qui connaîtra ensuite bien des aménagements).
D’une puissance sans équivalent dans l’œuvre de Bruckner (huit cors, trois harpes, six timbales !), la Symphonie n° 8 a longtemps intimidé. Son projet en est pourtant simple : décrire un trajet spirituel menant de l’obscurité à la transfiguration. Face à l’inéluctabilité de la mort, Bruckner convoque des figures populaires : souvenirs de danses folkloriques, fanfares des cuivres, hommage dans le Scherzo au « Chevalier Michel », un saint populaire autrichien. Plus profondément encore, la Symphonie n° 8 est bouleversante par la façon dont Bruckner y combine la simplicité la plus archaïque avec la soif d’élévation. Peur de la mort et majesté de l’âme d’un côté, plaisirs de la vie de l’autre : ce trajet universel prend forme sous nos yeux et nos oreilles par l’intermédiaire d’un orchestre organique, où la profondeur des cuivres se marie à la transparence des harpes, où, en un instant, les tréfonds des basses peuvent mener vers les sommets des aigus. À cet égard, l’œuvre demeure une expérience sans égale, qui témoigne du génie d’un Autrichien de légende.
Charlotte Ginot-Slacik
Lire l’article en intégralité dans le Vivace n°14