L’histoire

Son acte de naissance est daté de 1974 et, pourtant, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse s’inscrit bien plus profondément dans l’histoire de la ville et le cœur de la population, se trouvant toujours à ses côtés, jouant dans les moments de fête ou de chagrin, pour tous les publics.

Toulouse au cœur

On dit souvent que l’Orchestre compte parmi les trois grandes institutions de la Ville de Toulouse, aux côtés du Stade toulousain en rugby et du constructeur aéronautique Airbus. Trois belles maisons qui ont en commun de tutoyer le ciel !
« Capitole » : son nom nous rappelle à quel point l’Orchestre se situe au centre de la vie de la cité, comment il la rassemble et comment il la représente. Sa dénomination est une sorte d’hommage à la célèbre place habillée de briques roses. Là siégeaient les « capitouls », les dirigeants élus de Toulouse entre le Moyen Age et la Révolution française. Ce lieu de démocratie aujourd’hui l’Hôtel de ville… et le Théâtre du Capitole, autrement dit l’opéra, qui fut la première résidence de l’Orchestre.

C’est inscrit dans son nom et dans ses gênes : l’Orchestre et la ville ne font qu’un. Toujours là pour elle, il répond présent pour toutes les circonstances, envers tous les publics, mélomanes avertis ou curieux d’un soir, familles, enfants, étudiants… En voisin, en guide ou en ami, l’Orchestre rythme les célébrations heureuses – les fêtes de la Musique, du Nouvel An et du 14 Juillet, les inaugurations, les grandes victoires rugbystiques. Il pleure et réconforte dans les hommages aux grands disparus – Claude Nougaro, emporté en 2004, Ô Toulouse ! De toutes leurs forces, les musiciens accompagnent la population dans les moments les plus difficiles – dans des registres différents, les commémorations de l’explosion de l’usine d’AZF en 2001, la pandémie et les confinements de 2020.

Tout commence à l’Opéra

C’est donc au Capitole, sur l’actuelle place du Capitole, qu’est né l’Orchestre, en 1737. Dans un premier temps, les musiciens sont exclusivement préposés à l’opéra. Il faut souligner qu’en ce temps-là, dès l’ouverture du Théâtre et de sa belle salle à l’italienne, Toulouse constitue une place forte de l’art lyrique en France.

C’est encore vrai au XXe siècle, où l’Opéra attire de très grandes voix et l’Orchestre de très grands chefs, tels André Cluytens et Georges Prêtre. Toujours au XXIe siècle, l’Orchestre est reconnu pour sa faculté à se produire la moitié du temps au Théâtre du Capitole, pour les opéras et les ballets. De la fosse à la scène, du lyrique au symphonique : l’Orchestre joueur et curieux aime savoir tout faire.

1974 : Tournant capital pour le Capitole

L’Orchestre tel que nous le connaissons change de visage dans les années 1960. L’Orchestre du Théâtre du Capitole fusionne avec l’Orchestre de Radio-Pyrénées. L’année 1974 marque un tournant majeur, car l’Orchestre acquiert son existence propre, et obtient ainsi le champ libre pour produire une véritable saison symphonique, sous l’impulsion de Michel Plasson.

Cette transformation s’appuie sur une convention signée entre la Ville de Toulouse et l’Etat. A l’époque, le gouvernement est lancé dans des projets de décentralisation, politique, économique, sociale et culturelle. Chaque capitale régionale doit devenir un centre de musique digne de ce nom. Des « pôles » sont inaugurés autour d’un conservatoire de région, d’un opéra et d’un orchestre symphonique. C’est officiel : en cette année 1974, l’Orchestre du Capitole de Toulouse prend son envol.

Michel Plasson, le bâtisseur (1974-2003)

Le premier directeur musical de cet Orchestre s’appelle Michel Plasson. Ce Parisien de naissance, devenu Toulousain de cœur, a joué comme musicien sous la baguette d’Otto Klemperer et il s’est formé à la direction auprès de Leonard Bernstein, entre autres. Spécialiste de l’opéra, il a été nommé directeur musical du Théâtre du Capitole en 1968, à l’âge de 35 ans. En toute logique, Michel Plasson prend les rênes de l’Orchestre pour sa refondation et la nouvelle aventure qui s’annonce.

En moins de quinze ans, « l’Orchestre municipal du Capitole » devient « Orchestre régional du Capitole » (1974) puis « Orchestre national du Capitole » (1981).

Nouvelles missions, nouveau nom, nouveau berceau. Dès 1974, l’Orchestre s’installe à la Halle aux grains, place Dupuy, presque sur les berges du Canal du Midi. La Halle aux grains devient un lieu phare de Toulouse ; Toulouse un lieu phare de la musique.

Michel Plasson, directeur musical de l’Orchestre entre 1974 et 2003, propulse les musiciens sur la scène française et internationale. Invitations de grands solistes et chanteurs à Toulouse (Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovich et bien d’autres)… Emissions télévisées diffusées depuis Toulouse… Tournées de concerts (en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique latine, etc)… Concerts dans des lieux inédits et grand public (le Palais omnisport de Bercy, devant 8000 spectateurs)… Enregistrements pour les labels les plus renommés, avec une somme de plus de 100 disques, unique au monde, consacrée à la musique française… Municipal, régional puis national, l’Orchestre acquiert un statut international.

Tugan Sokhiev, un nouvel élan (2005-2022)

Tugan Sokhiev, le deuxième directeur musical dans l’histoire de l’Orchestre (2005-2022), prolonge le sillon creusé par Michel Plasson et apporte de nouvelles dimensions, aussi bien dans le répertoire que le rayonnement de l’Orchestre. Né en Russie, d’abord attaché à Saint-Pétersbourg où il étudie au conservatoire et dirige des productions lyriques au Théâtre Mariinsky, Tugan Sokhiev est invité pour la première fois par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse en 2003, alors qu’il a 26 ans. Sa personnalité artistique, et l’intensité qu’il met dans le travail et chacun des concerts, en font un directeur musical de choix. A Toulouse, son répertoire au disque et en concert rend hommage à ses deux pays de cœur, la France et la Russie. A travers les pages de Moussorgski, Chostakovitch et Prokofiev, l’Orchestre et le public découvrent de nouvelles couleurs.

Le mandat de Tugan Sokhiev à la tête de l’Orchestre permet d’atteindre de nouveaux horizons. Avec le soutien de la Ville et des autres partenaires, les effectifs sont augmentés, passant de 100 à 125 musiciens. Par ailleurs, l’Orchestre fait briller Toulouse dans de nouvelles régions du monde lors de somptueuses tournées, en Russie, mais aussi en Chine et au Moyen-Orient. L’Orchestre reçoit une « Victoire d’honneur » aux Victoires de la musique classique 2008 et s’installe dans tous les esprits comme l’un des meilleurs orchestres européens.

Un tout nouveau programme « digital » permet la captation et la diffusion de concerts depuis la Halle aux grains, sur les chaînes Mezzo, Medici et quelques autres. Ce dispositif d’enregistrement se révélera précieux pour continuer de jouer et de toucher de nombreux spectateurs pendant la pandémie du Covid et les confinements des années 2020 et 2021.

Tarmo Peltokoski, la promesse de l’aube (depuis 2024)

Le troisième directeur de l’Orchestre, entré en fonction en septembre 2024, est le Finlandais Tarmo Peltokoski. Un surdoué de la baguette, formé à l’Académie Sibelius à Helsinki, qui débute dans cet art si subtil dès ses 14 ans. Mais en aucun cas une étoile filante. Cet artiste réfléchi, tenant d’une vision sur le long terme, insuffle à l’Orchestre un mélange d’énergie et de maturité.

Dès sa première saison comme directeur musical, Tarmo Peltokoski embarque l’Orchestre dans une tournée de prestige en Allemagne, au printemps 2024, qui reçoit une ovation dans les deux grandes philharmonies du pays, à Hambourg et bien sûr Berlin. Il entreprend aussi le « Projet Vaughan Williams », qui consiste à diriger à Toulouse et à enregistrer au disque, pour la Deutsche Grammophon, les symphonies profondes et scintillantes du compositeur britannique, à commencer par la première d’entre elles, A Sea Symphony, pour chœur, soprano, baryton, grand orchestre symphonique, orgue…

Fort de l’héritage exceptionnel laissé par Michel Plasson et Tugan Sokhiev et d’un orchestre composé de musiciens de classe mondiale, Tarmo Peltokoski poursuit ce travail exigent et minutieux au service des toulousains, de la ville de Toulouse et de la Musique.

Cette première saison 2024-2025 est d’ailleurs marquée par une affluence record de spectateurs à la Halle aux grains de Toulouse, avec plus de 90 % des sièges occupés lors de chaque concert.


Quand l’Orchestre fait voyager Toulouse et la musique aux quatre coins du monde…

L’Orchestre national du Capitole de Toulouse rayonne par-delà les frontières, en France et sur le plan international, à travers ses tournées (Europe, Amérique, Asie), ses enregistrements (disques, films, vidéo) et ses diffusions de concerts à la radio ou à la télévision. Il prend ainsi très à cœur sa mission d’ambassadeur culturel de Toulouse, désignée « Ville des musiques » par l’UNESCO en 2023.

Tournées

Depuis sa tournée aux Etats-Unis en 1978, à Washington (près de l’autre Capitole!) et à New York (dans l’enceinte mythique de Carnegie Hall), jusqu’à sa tournée en Allemagne de mars 2025, et en attendant de nouvelles aventures musicales, l’Orchestre national du Capitole a le plaisir et l’honneur d’exporter son savoir-faire dans de nombreux pays, sur plusieurs continents.

Dans les plus grandes salles au monde

Grâce à ces invitations, l’Orchestre se produit dans les plus belles salles du monde – fabuleux décors et acoustique magique – et dans le cadre de festivals prestigieux. Que ce soit à la Philharmonie de Berlin, au Musikverein de Vienne, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Théâtre Bolchoï de Moscou… sans oublier la Philharmonie de Paris, puisque l’Orchestre est également sollicité pour des tournées en France.

Ces voyages inoubliables, documentés dans des articles de presse en plusieurs langues, permettent à l’Orchestre de faire rayonner le nom et les valeurs de Toulouse à des centaines, voire à des milliers de kilomètres. En Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en Asie, y compris en Russie et au Moyen Orient.

Chacune de ces tournées est nourrie de rencontres passionnantes, avec de nouveaux publics mais aussi avec des spécialistes, aussi bien critiques que journalistes, qui peuvent attester des progrès et de l’engagement de l’Orchestre, et de sa place sur la scène internationale.

L’Orchestre au plus près des publics d’Occitanie

L’Orchestre prend tout particulièrement à cœur son travail de proximité qui consiste à donner une dizaine de concerts par an dans différentes villes d’Occitanie, une mission de service public qu’il mène avec le soutien de la Région Occitanie. On mesure l’attachement du public occitan à l’Orchestre à chacune de ses sorties.

Politique discographique

Avec presque deux-cents disques enregistrés auprès des plus grands labels, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse s’est fait connaître, comprendre et aimer par-delà les frontières, aussi bien du public que de la critique, qui a salué et récompensé plusieurs opus gravés par l’Orchestre. Sa discographie est réputée pour la somme magistrale consacrée à la musique française, un monument unique imaginé et réalisé par Michel Plasson… Mais le catalogue de l’Orchestre comprend bien des surprises ! De même que les tournées, ces témoignages au disque contribuent au rayonnement de l’Orchestre à travers le monde. Le disque ? Solaire !

Les montagnes de la musique française

Tout commence par un massif montagneux. Non pas une montagne seule, mais le chaînon des Pyrénées tout entier : des dizaines de disques dévolus aux compositeurs français, célèbres ou oubliés. Pendant trente ans, Michel Plasson et l’Orchestre national du Capitole bâtissent la plus grande discographie jamais consacrée à la musique française. « Musique du bonheur, décrit le directeur musical d’alors (1968-2003). Si vulnérable qu’elle tombe en poussière si on la brutalise… » Pour Michel Plasson, la quête d’un « son français » s’accompagne d’une mission de faire connaître et transmettre les compositeurs des XIXe et XXe siècles, comme un musée protège et propage les tableaux des grands impressionnistes.

Dans ce musée musical, Berlioz, Debussy, Ravel, Saint-Saëns figurent en bonne place, tout comme les grands maîtres de l’opéra (Bizet, Gounod, etc), des contemporains tels Dutilleux et des artistes jusqu’alors négligés, par exemple Albéric Magnard, à qui est alors dédié la première intégrale au disque. Mais le musée de Plasson et de l’Orchestre propose aussi un album « Révolution française » enregistré en 1988 à la veille du Bicentenaire de la Révolution, la musique de film de Maurice Jaubert et Joseph Kosma… Cette somme immense a été rééditée par EMI dans un coffret de 37 CD « Musique française » (2010) et dans 38 CD dévolus à « L’opéra français » (2012).

L’âme russe et l’élégance anglosaxone

Pour prolonger cette discographie, Tugan Sokhiev, directeur musical de l’Orchestre entre 2005 et 2022, enregistre à Toulouse les trésors du patrimoine russe et construit des ponts culturels avec la France. Un premier disque paru en 2006 chez Naïve, réunit les Tableaux d’une exposition de Moussorgski et la Symphonie n° 4 de Tchaïkovski. Puis ce sont les symphonies de Chostakovitch, les ballets russes de Stravinski, ou encore Pierre et le Loup de Prokofiev, avec Valérie Lemercier en récitante…

Tarmo Peltokoski, directeur musical depuis 2024, maintient l’Orchestre national du Capitole au cœur de ses engagements discographiques, tout particulièrement depuis qu’il a signé un contrat exclusif avec Deutsche Grammophon en octobre 2023. C’est ainsi que Tarmo Peltokoski a choisi Toulouse pour lancer le « Projet Vaughan Williams ». Un plan sur le long terme, qui consiste à graver et diffuser les symphonies de ce cousin britannique de Mahler, injustement méconnu en France, et qui permet de révéler la richesse, la justesse, les couleurs de l’Orchestre.

Les grands solistes… et les grandes récompenses

Par ailleurs, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse ouvre sa discographie à ses partenaires artistiques privilégiés, pour diversifier son répertoire, ses pratiques et son public. Ainsi fait-il paraître des albums avec le Palazzeto Bru Zane, le centre de musique romantique française sis à Venise. Ou avec de brillants solistes, tels Thibaut Garcia à la guitare (« Aranjuez » / Erato, 2020) et la mezzo-soprano Marianne Crebassa (« Seguidilles » / Erato, 2021). Le disque « Nicholas Angelich Hommage » (Erato, 2023) est quant à lui un testament musical et un objet de reconnaissance, pour les moments de partage entre l’Orchestre et le grand pianiste américain disparu en 2022.

De nombreux enregistrements de l’Orchestre se sont imposés comme des références, salués par la presse et la critique. Les Victoires de la musique classique ont notamment récompensé Don Quichotte de Massenet (EMI, 1994) avec Teresa Berganza et José Van Dam, Lakmé de Delibes (EMI, 1999) avec Nathalie Dessay, Gregory Kunde et José Van Dam, ainsi que Carmen de Bizet (EMI, 2003) avec Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Thomas Hampson et le jeune Ludovic Tézier. Les disques les plus récents de l’Orchestre continuent d’être primés, en France et à l’étranger.

Chefs-d’œuvre et redécouvertes de l’opéra et du symphonique, répertoire baroque ou création contemporaine, musiques du monde, musique de film, œuvres composées pour la jeunesse… La discographie de l’orchestre est riche, variée, intense, passionnée. Elle se destine aussi bien aux mélomanes avertis qu’aux débutants, aux enfants qu’à un public tous âges et tous horizons.