Chef, conteur et passeur

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Chef, conteur et passeur

Entretien avec Christophe Mangou

La jeunesse musicale toulousaine doit beaucoup à Christophe Mangou, aussi bien impliqué dans le projet Demos que dans la direction de concerts pédagogiques à la Halle aux grains. Avec L’Île indigo et Le Tour du monde en 80 minutes, il n’a pas pour seul objectif de faire passer un bon moment à nos petites oreilles, mais aussi de les ouvrir plus grand. Des moments qui promettent plaisir et découverte aux adultes également !

Vous revenez à Toulouse avec L’Île indigo, qui ne ressemble pas vraiment aux concerts pédagogiques classiques.

En effet, il s’agit d’un conte musical particulier, d’un spectacle à part entière. Je l’ai conçu avec deux artistes que je connais bien, la comédienne et librettiste Julie Martigny, et le compositeur Julien Le Hérissier. L’héroïne Lola vit une aventure initiatique magnifique, pleine de rebondissements. Quant à la musique, lyrique, expressive et contemporaine, elle est idéale pour toucher les enfants, tout en demandant beaucoup aux musiciens de l’Orchestre. Cet aspect est important aussi. On pense trop souvent que « pédagogique » signifie « facile » ! Nous tenions à inclure une dimension participative variée et exigeante, qui donne toute sa particularité au projet : les spectateurs chantent, réalisent des bruitages et des percussions corporelles, et créent un décor grâce à des dessins réalisés en amont.

Julie Martigny et Christophe Mangou à la Halle aux grains
© Patrice Nin

Pour aider le public à se préparer autant que nécessaire, sans pour autant le faire crouler sous une masse d’informations, nous diffusons progressivement des saynètes pleines d’humour, de façon hebdomadaire. Et nous commençons le concert par dix à quinze minutes de répétition avant l’arrivée de l’orchestre pour mettre tout le monde à la page le jour J. Que ceux qui n’ont pas eu le temps de se préparer se rassurent : ils peuvent tout de même profiter pleinement du spectacle !

Vous donnez aussi des concerts thématiques, comme Le Tour du monde en 80 minutes.

Nous sommes là dans un concert plus didactique, rassemblant des œuvres du répertoire autour d’un thème : comment les compositeurs dits savants se sont inspirés des musiques traditionnelles de leur pays. Plusieurs moyens de locomotion nous feront faire le tour complet de la planète, de la Russie au Kazakhstan en passant par les États-Unis. Nous explorerons au cours du voyage les liens entre la musique et la langue d’une région, les particularités de certains rythmes, ou encore les connexions entre l’Espagne et l’Amérique du Sud. La pièce finale, du compositeur Kazhgaliev, est une pépite méconnue, découverte lors de mes nombreux voyages au Kazakhstan, où j’ai entre autres dirigé un orchestre de jeunes étudiants. Pendant le concert, un écran aidera à rendre vivants les moments explicatifs sans musique, mais je tiens à ce qu’il n’y ait pas d’image projetée pendant que nous jouerons. Si aucune préparation n’est nécessaire pour ce concert, la dimension participative reste capitale. Ancrer des éléments dans le corps aide à mieux les assimiler et à les mémoriser, surtout quand ils sont complexes.

L’aérostat « Le géant » de Nadar, 1863 © D.R.

Êtes-vous certain que cela marche ?

Dans le cadre d’un autre spectacle, j’avais fait répéter des mots sur le rythme assez complexe d’une danse. Une maman a témoigné par mail de son propre étonnement : sans prévenir, son enfant avait répété très exactement, et avec un plaisir évident, cette même phrase, plus d’un an après le concert. Preuve que cela reste dans la tête des enfants ! Or, avec ces spectacles, je veux toucher le public sur le moment, et sur la longueur.

Propos recueillis par Mathilde Serraille


L’Île Indigo

Concert en famille – à partir de 8 ans

Dimanche 23 avril à 10h45

Connaissez-vous l’Île Indigo, celle qui permet aux enfants de trouver leur voix ? Christophe Mangou, Julien Le Hérissier et Julie Martigny racontent la quête de Lola, partie retrouver les consonnes qu’elle a perdues.

Julie Martigny et Christophe Mangou à la Halle aux grains
© Patrice Nin