Entretien avec Dylan Corlay

Les plus valeureux cyclistes montent sur un podium en fin d’étape du Tour de France… Quand Dylan Corlay, lui, arrive à vélo, c’est pour monter sur un podium de chef d’orchestre ! ll pédale à travers toute la France pour son Tour d’orchestre(s) à bicyclette, un spectacle inventif qui fait marcher les oreilles et les jambes. En selle !

Chef d’orchestre, instrumentiste, mais aussi magicien, danseur de claquettes… Vous êtes un véritable touche-à-tout ! Quel est votre parcours ?

Dès l’âge de cinq ans, ma décision était prise : je voulais être chef d’orchestre. Et j’étais persuadé que pour le devenir, il fallait savoir jouer de tous les instruments. Alors, j’ai travaillé plusieurs d’entre eux. Une parenthèse qui a beaucoup compté dans ma vie musicale a été ma participation en tant que trompettiste dans un groupe de reggae ! J’ai aussi étudié le basson au Conservatoire de Paris, à côté de la direction et de l’écriture. Pendant que j’essayais de me frayer un chemin en tant que chef, j’ai découvert le théâtre, la danse, le mime… J’ai joué dans du théâtre classique, réalisé mon propre spectacle pour enfants appelé L’Îlot bassons… Et puis j’ai rencontré Jorma Panula, grand maître de la direction d’orchestre. Il m’a poussé à postuler à son concours de direction, que j’ai remporté ! Dès lors, ma vie a changé. J’ai dirigé beaucoup de répertoire symphonique, opératique et « cross-over » comme Hip Hop Symphonique, tout en continuant à mener mes propres projets.

En quoi consiste donc ce Tour d’orchestre(s) à bicyclette ?

Je vais me lancer dans un grand parcours à vélo de ville en ville pour y diriger le concert. Il y aura aussi des moments partagés à vélo : à Toulouse, nous prévoyons par exemple un parcours entre la Maison du vélo et la Halle aux grains. En ce qui concerne la musique, j’ai arrangé du répertoire connu, et très éclectique : du Strauss, du Montand, du swing et du traditionnel. Ces choix ont été faits avec le metteur en scène dans l’idée de réaliser un spectacle véritablement populaire. Je me suis inspiré de l’art du clown : je ne dirai pas un mot lors du concert ! C’est aussi une façon de s’ouvrir au jeune public et de proposer un vrai spectacle familial.

Et les musiciens, comment réagissent-ils à ce spectacle ?

Ils me connaissent, donc ils savent que j’ai ma « patte » et cela se passe bien. Ici, l’Orchestre et moi nous lançons dans un vrai duo, à l’image de ceux formés par Laurel et Hardy ou Shirley et Dino. Tout reste sur le ton de l’humour et du burlesque, sans jamais de méchanceté. Je ne veux pas trop en dévoiler sur ma façon d’entrer en scène… mais ce qui est sûr, c’est qu’on part tout de suite pour une heure trente de délire !

Comme vous, Toulouse allie une passion pour le sport, avec un soutien sans faille à son équipe de rugby, ainsi que pour la musique, comme le prouve sa fidélité à son orchestre.

En effet, j’ai déjà vérifié l’harmonie entre sport et musique à Toulouse lors du « XV symphonique », une soirée commune entre l’Orchestre national du Capitole et le Stade Toulousain où j’ai été invité à diriger en mai dernier. Ce n’est pas du tout la même ambiance dans un match et un concert symphonique, mais il y a beaucoup de points communs entre le monde des sportifs et celui des musiciens : rigueur, mental, esprit d’équipe.

Le projet a trouvé une sacrée marraine, avec Jeannie Longo !

Je l’ignorais, mais elle a étudié le piano à un assez haut niveau. Elle est passionnée de musique ! Tous les aspects du projet lui ont plu, et en particulier son côté humain. Elle sera présente pour l’ouverture, puis d’autres sportifs vont se joindre à nous. Jeannie Longo est l’une de mes figures fétiches dans l’univers du cyclisme. Quand j’ai découvert le vélo avec ma mère, dans les années 90, elle était une personnalité très controversée, à qui on en a fait beaucoup voir. Or, j’aime beaucoup les personnes comme elles, qui sont à l’avant-garde et n’ont pas peur d’oser !

Propos recueillis par Mathilde Serraille