Le frère du poète disparu

Entretien avec Romain Didier

« Connaît-on encore Leprest ? Fait-il encore des chansons ? », demandait le poète chanteur à propos de lui-même dans Donne-moi de mes nouvelles. Oui, on le connaît encore, et grâce à Romain Didier, grand auteur-compositeur-interprète, et d’autres fidèles compagnons, Allain Leprest vit encore avec nous. Le spectacle Leprest en Symphonique donne une dimension nouvelle à ses chansons touchantes, et poétiques.

Comment le spectacle Leprest en Symphonique est-il né ?

J’ai travaillé des années auprès de cet auteur chanteur magnifique et fulgurant qu’était Allain Leprest. Il était fasciné par
l’univers de la musique classique et, en 2011, nous avons entamé l’enregistrement d’un album avec certaines de ses plus
belles chansons, accompagnées par un orchestre symphonique. Il est décédé pendant ce travail, que nous avons donc achevé avec quelques-uns de ses copains chanteurs : Daniel Lavoie, Clarika, Kent, Enzo Enzo… Pour faire vivre cet album sur scène, j’ai transformé les arrangements et choisi quelques autres chansons qui me paraissaient particulièrement adaptées à la scène. Il est impossible de recréer un concert de Leprest tant sa présence sur scène était unique, mais j’espère que nous donnons
l’impression qu’il ne se tient pas loin pendant ces concerts-là.

Vous êtes vous-même connaisseur en musique classique ?

Mon père a obtenu le Prix de Rome en composition et ma mère chantait à l’Opéra de Paris, donc j’ai baigné dans la musique dite savante, et j’adore Bach, Chopin, Verdi, Puccini, Ravel… Pour autant, j’ai créé mon univers musical à ma façon, en autodidacte. Je reproduisais ce que j’entendais, et je ne sais trop comment, à l’âge de vingt ans j’ai commencé à gagner ma vie en jouant du piano, à écrire des quatuors à cordes et à réaliser des orchestrations.

Leprest et vous avez aussi collaboré sur un spectacle pour enfants, Pantin Pantine, donné à Toulouse il y a quelques années.

C’est un très joli souvenir. On travaillait chez moi, Allain écrivait le texte et la musique naissait pratiquement en même temps. Pantin Pantine est né dans la joie !

Comment décririez-vous l’œuvre d’Allain Leprest à ceux qui ne le connaîtraient pas encore ?

Allain est l’un des auteurs les plus proches des gens, de tous, avec une acuité émotionnelle et une justesse incroyables. Pour moi, une bonne chanson rend quelque chose universel en trois minutes, et Leprest avait ce don-là. Les spectateurs qui le découvriront à l’occasion de ce concert auront la chance de commencer à tirer un immense fil, car il a écrit bien d’autres chansons sublimes.

Propos recueillis par Mathilde Serraille